Mobilité des hommes, diffusion des idées, circulation des biens dans l’espace européen à l’âge du Fer
Voies, acteurs et modalités du grand commerce
en Europe occidentale
Fabienne Olmer, Guillaume Verrier, Benjamin Girard, Hervé Bohbot
Notre postulat de départ repose sur l’idée généralement admise que les mobiliers importés à la fin de l’âge
du Fer en Europe occidentale et spécialement en Gaule ont fait l’objet de lots préalablement constitués, à
l’instar des exemples livrés par certaines épaves de l’époque tardo-républicaines découvertes en Méditerranée
occidentale, notamment celles qui l’ont été sur les côtes provençales. Deux d’entre elles ont particulièrement
retenu notre attention sur la question des assemblages : La Madrague de Giens et Fourmigue C. La première
renfermait environ 7000 amphores de vin d’une qualité certaine puisqu’il s’agit de Cécube, plusieurs milliers
de pièces de vaisselle en céramique à vernis noir et en céramique commune, des lingots de plomb et divers
mobiliers secondaires1. La seconde épave contenait quelques centaines d’amphores d’un vin probablement
assez médiocre, des céramiques communes, des éléments de meubles issus de la toreutique hellénistique
délienne et des pièces de vaisselle métallique de très grande qualité, de véritables œuvres d’art2. Puisque les
épaves ont transporté ces mobiliers “conjointement”, il semble naturel d’attendre de retrouver la même logique
de distribution en ce qui concerne les amphores de vin, les vaisselles à vernis noir et les vaisselles métalliques
tout au long des circuits et des lieux de consommation.
Corpus
Notre base commune regroupe les attestations d’amphore Dressel 1, de vaisselle céramique à vernis noir et
de vaisselle métallique et est constituée de 1660 enregistrements relatifs à des découvertes faites essentiellement
en France (87,05 %), puis en Allemagne, en Angleterre, en Suisse, au Luxembourg, en République Tchèque, en
Autriche, en Hongrie, en Belgique, aux Pays-Bas et en Slovaquie3 (fig. 1). Néanmoins l’inventaire pour la moitié
orientale de l’Allemagne et les pays d’Europe centrale concerne surtout la vaisselle métallique.
L’essentiel du corpus provient des sites d’habitat, au total 1294 sites soit 78 % du corpus, répartis entre 218
oppida, 68 agglomérations ouvertes, 295 établissements agricoles (fermes) et 713 habitats autres/indéterminés,
le plus souvent des habitats ruraux trop mal renseignés pour être plus précisément caractérisés (fig. 2). La carte
1- Tchernia et al. 1978.
2- Baudoin et al. 1994.
3- Notre base de données a intégré les informations de la “BaseFer” de l’UMR 8546 à l’ENS qui nous a été très obligeamment transmise
par Olivier Buchsenschutz, et de la “BaseFerme” de l’Inrap élaborée par François Malrain et Thierry Lorho. Nous les en remercions
chaleureusement. Elles nous ont permis d’avoir un socle de départ de 710 sites auxquels nous avons ajouté 950 sites à partir d’un
dépouillement bibliographique et des résultats de nos études directes.
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Fig. 1. Carte des sites inventoriés dans la base de données avec attestations d’amphore Dressel 1, de vaisselle céramique à vernis noir
et/ou de vaisselle métallique (état juin 2012 : fond accentué = inventaire plus ou moins exhaustif ; fond atténué = inventaire partiel)
(H. Bohbot, CNRS, UMR 5140).
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Fig. 2. Carte des sites d’habitat (H. Bohbot, CNRS, UMR 5140).
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Voies, aCteurs et Modalités du grand CoMMerCe en europe oCCidentale
montre une réelle distinction entre Gaule interne et Gaule méditerranéenne, révélant essentiellement l’importance des fermes en Gaule interne et l’importance des oppida en Gaule méditerranéenne, où les fermes semblent
totalement absentes4.
Le reste des sites, au total 366 soit 22 % du corpus, est largement diversifié, avec 116 sites cultuels (sanctuaires,
dépôts et grottes), 137 sites funéraires (nécropoles et tombes “isolées”) et 113 autres sites parmi lesquels 24 mines,
18 camps romains, 18 gués, 4 aménagements de berges et enfin 49 sites indéterminés (découverte subaquatique,
prospection ou non connu) (fig. 3). D’importantes différences régionales sont de nouveau clairement visibles,
notamment en ce qui concerne les dépôts d’amphores et de vaisselles métalliques dans les sites cultuels et
funéraires, en relation autant avec l’histoire des recherches qu’avec des questions culturelles et
chronologiques.
Sur les 1660 sites répertoriés, 1516 ont livré des amphores Dressel 1, 582 de la vaisselle céramique à vernis
noir et 261 de la vaisselle métallique5 (fig. 4). Pour plus de la moitié des sites les importations ne concernent
que le vin italien (54,9 %) et près d’un tiers des sites associent seulement amphores et vernis noir (27,9 %).
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Fig. 3. Carte des autres sites (H. Bohbot, CNRS, UMR 5140).
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4- En lien avec l’histoire des recherches.
5- Corpus des mobiliers : amphore Dressel 1 : NFR = 1952292, NMI = 122895 ; céramique à vernis noir : NFR = 9824, NMI = 5728 ;
vaisselle métallique : NFR = 962, NMI = 832.
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Fig. 4. Carte des attestations d’amphore Dressel 1, de vaisselle céramique à vernis noir et/ou de vaisselle métallique (H. Bohbot, CNRS,
UMR 5140).
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L’association des trois catégories de mobilier ne concerne que 5,5 % des sites, et seuls 8,7 % des sites ne
présentent aucune amphore (vaisselle à vernis noir, vaisselle métallique ou les deux).
Enfin, en ce qui concerne la chronologie, la très grande variabilité des datations et des durées d’occupation,
qui s’échelonnent de LT C2 à la période augustéenne, rend très difficile une analyse diachronique fine des
données par phase. Les occurrences selon la chronologie sont les suivantes : sites de LT C2 = 11 ; sites de LT C2
- D1 = 61 ; sites de LT C2 - D1 - D2 = 241 ; sites de LT D1 = 82 ; sites de LT D1 - D2 = 663 ; sites de LT D2 =
457 ; sites de LT D2 - Augustéen = 9 ; sites augustéens = 19 ; sites de La Tène indéterminés = 117. Les sites avec
une occupation longue (LT C2, D1, D2) sont donc de loin les plus nombreux (965 sites). En outre, si l’on
observe peu de sites avec des importations occupés uniquement à LT C2 et LT C2-D1 (72 sites), en revanche le
nombre de sites avec importations augmente considérablement à LT D1 et D2, mais la très large majorité
d’entre eux couvre les deux phases ou sont occupés uniquement à LT D2. Il sera ainsi indispensable dans un
deuxième temps d’approfondir l’examen de la chronologie des sites et surtout des contextes.
Quoi qu’il en soit, ces données, bien que très disparates, renouvellent considérablement les connaissances
que nous avions des modalités des distributions de ces trois catégories de mobiliers emblématiques des importations méditerranéennes en Europe occidentale, plus particulièrement ici italiques.
Voies, aCteurs et Modalités du grand CoMMerCe en europe oCCidentale
les aMphores
Une nouvelle carte de répartition
Les recherches sur les importations d’amphores italiques tardo-républicaines à l’échelle de ce vaste territoire
reposent sur un corpus de 1952292 fragments, pour un total de 1516 sites, résultat notable autorisé par le
dépouillement d’une documentation abondante. Le NMI qui en procède est lui aussi considérable puisqu’il
atteint la somme de 122895 amphores (fig. 5). Pourtant, ces résultats sont encore probablement très largement
en-deçà de la réalité, non seulement en raison de la documentation publiée trop souvent lacunaire (si la présence
des amphores est mentionnée, elle l’est rarement dans le détail), mais aussi en raison du potentiel archéologique
que l’on ignore encore pour de nombreux sites. Toujours est-il que, pour la première fois, nous sommes en
présence de résultats en adéquation avec les estimations proposés à partir des résultats des analyses de M. Picon6,
qui évoquent un potentiel de 100 ateliers d’amphores ayant produit 100 millions de récipients. Ce nouveau
corpus permet de renouveler un certain nombre de propositions depuis A. Tchernia, A. Fitzpatrick et M. Poux7
et propose une nouvelle base statistique.
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Fig. 5. Carte de répartition quantiiée en NMI des amphores Dressel 1 (H. Bohbot, CNRS, UMR 5140).
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67-
Picon 1989 dans Hesnard et al. 1989.
Tchernia 1983 ; Fitzpatrick 1985 ; Poux 2004.
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Fig. 6. Les différents contextes de distribution des amphores : A. Tous sites ; B. Tous sites sauf Bibracte et Corent.
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Au regard de la carte de répartition des découvertes d’amphores républicaines italiques, qui met en relief la
diffusion des vins italiens antiques en Europe occidentale (à l’exception de l’Espagne pour laquelle l’inventaire
est en cours), plusieurs observations viennent alimenter une discussion largement entamée ces dernières
années8.
La première concerne les réseaux de diffusion, qui apparaissent incontestablement denses sur l’ensemble du
territoire, témoignant d’une dynamique commerciale qui reste sensible partout, même dans la moitié Nord de
la France, et battant ainsi en brèche l’idée d’un amoindrissement des flux au cours des acheminements vers les
zones septentrionales. L’hypothèse de l’existence de verrous, au-delà desquels les importations sont moindres,
voire nulles, n’est plus valable, notamment celui qui était proposé pour le Belgium en raison du texte de César9.
Au contraire, toutes les régions sont de mieux en mieux caractérisées et semblent diversement desservies,
comme la Bretagne, souvent laissée en marge10, le Nord des Gaules11 ou bien le Centre-Est, de la Bourgogne à
l’Alsace12, toutes figurant maintenant convenablement dans les réseaux, à l’exception de l’extrême Sud-Ouest,
le pays Basque, ce qui doit tenir à l’état d’avancement des recherches.
La seconde remarque concerne l’abondance de données dans sa composante rurale, faciès qui renouvelle
totalement ce que l’on pensait des importations d’amphores italiques toujours plus ou moins spécifiquement
associées aux oppida, centres traditionnels de production et d’échanges. Le rôle du monde rural doit être
réévalué à l’aune des découvertes, notamment dans la question de sa position de dépendance vis-à-vis de
l’oppidum. Et l’on devra mettre en place une réflexion sur les modalités des distributions (directes ou indirectes?),
voire même des changements dans les modalités au cours du temps (rôle des agglomérations et/ou/puis des
oppida). Certes, le rôle des oppida reste important en terme de volume, puisque c’est toujours en ces lieux que
l’on trouve les plus fortes concentrations, à l’exemple de Corent ou Bibracte.... mais on remarque que le rôle
des autres types d’habitats, une fois “délesté” du poids des résultats des oppida les plus importants, est une
réalité tangible (fig. 6).
89101112-
Tchernia 1986 ; Poux 2004 ; Olmer 2003 ; Loughton 2009.
Ginoux & Poux 2004.
Galliou 1982.
Laubenheimer & Marlière 2010.
Olmer 1997 ; Baudoux 1996.
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Les fermes, les établissements ruraux et les agglomérations ont bénéficié d’importants volumes d’importations ou du moins d’un bon effet de capillarité. Le corpus indique que 975 établissements ruraux (dont 295
fermes) ont reçu des amphores. Il reste toutefois à entreprendre une recherche pour hiérarchiser les données,
notamment connaître le nombre d’amphores pour chaque type d’établissement, ou bien les catégories de vins
et leurs origines, car il ne s’agit pas d’un vin universel mais de vins avec des qualités, des goûts et des coûts très
différents… Ces questions nous permettent d’appréhender la qualité des produits et donc de hiérarchiser à
terme les consommateurs : qui boit du “bon” vin ? qui boit du “mauvais” vin ? afin d’apporter des réponses sur
les choix commerciaux et sociétaux.
Chronologie et faciès en Gaule
Du point de vue chronologique, les importations de vins semblent plutôt plus précoces sur les agglomérations, puis les établissement ruraux, que sur les oppida. Les questionnements sur la dépendance des uns vis à
vis des autres restent les mêmes (fig. 7).
En terme de distribution, on observe traditionnellement deux faciès en Gaule (fig. 8). Le côté ouest de la
Gaule semblerait connaître un faciès où les Dressel 1 A seraient majoritaires, ce qui a conduit à proposer des
datations plutôt précoces, à l’acception d’un floruit entre les années 150 et 120 a.C. ; puis les importations
auraient eu tendance à diminuer assez fortement dès le premier quart du ier s. a.C., d’autant que les Dressel 1B
semblent quant à elles plutôt rares13. Au contraire, dans la zone est de la Gaule on observerait une absence
d’amphores jusque dans les années -130/-120 a.C., traduisant une montée en puissance des importations de
vins plutôt lente, puis un floruit des amphores, notamment des Dressel 1B, dans le deuxième quart du siècle,
avec une continuité des importations jusqu’aux marges de la période augustéenne entre le pays éduen et la
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Fig. 7. La chronologie des amphores en fonction des types de contextes.
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13- Lemaître & Sanchez 2010.
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Fig. 8. Schéma illustrant les distributions théoriques des amphores Dressel 1A et Dressel 1B en Gaule.
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Grande-Bretagne14. Une exception toutefois, à Lyon, où il est proposé qu’il n’y ait plus d’amphores républicaines
dès le milieu du siècle15, hypothèse susceptible d’être contestée à terme.
Au regard de la distribution des amphores portant des estampilles16, ces différents faciès sont confirmés au
moins entre deux grandes zones (l’Isthme Aude-Garonne et le Centre-Est de la Gaule) qui expriment des
origines d’approvisionnements différentes entre le Latium/La Campanie et l’Etrurie méridionale (fig. 9).
À propos du faciès concernant l’Ouest de la France et cette différence chronologique importante,
M. Loughton a mis en évidence la complexité des problèmes typologiques des amphores italiques, notamment
dans l’expression de son groupe Dressel 1G (fig. 10)17, actuellement le meilleur exemple pour illustrer les diffi-
14151617-
Olmer 2003 ; Sealey 2009.
Desbat 1998.
Olmer 2003.
Loughton 2003.
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Fig. 10. Le type Dressel 1G (Loughton 2003, 570).
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Fig. 9. Schéma de distribution des amphores portant des
estampilles en Gaule : Latium/Campanie vers l’ouest et
Etrurie vers l’Est.
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cultés à dater les amphores et par conséquent à dater les contextes avec ce mobilier18. Il apparaît hasardeux au
regard de ces amphores “archaïsantes” assez nombreuses finalement de continuer à dater à partir des seuls bords
d’amphores, car les incohérences qui sont susceptibles d’en découler sont considérables. Il est très probable que
certains ateliers ont connu une production dans la longue durée sans jamais changer de type d’amphores et si
l’on accepte une pérennité des importations selon les mêmes réseaux d’approvisionnement, des amphores aux
modèles anciens seront encore importées dans le ier s. a.C. Un certain nombre de révisions de la datation des
contextes pourrait nous aider à mieux les comprendre et le critère de l’absence de D1B ne serait plus un garant
de précocité. À terme, il serait possible de rééquilibrer les deux faciès de la Gaule, à ce jour dichotomiques.
Approvisionnements et groupes de production
La série P. MAR pointe des approvisionnements ciblés sur l’axe Aude-Garonne, mais soulève également le
rôle de la péninsule ibérique. La question de la production de Dressel 1 en Catalogne et en Andalousie mériterait d’être mieux posée ; or les recherches se concentrent sur les Pascual 1, dont la production massive et la
diffusion démarrent au milieu du ier s. a.C., notamment vers la Gaule19.
Pourtant des Dressel 1 sont bien produites en Andalousie 20, tout comme quelques ateliers de Catalogne
montrent timidement ces productions précoces21. Tout récemment, M.-P . Jézégou et C. Sanchez confirment
que les Dressel 1 de l’épave de Cap Béar 3 étaient catalanes 22. Des ateliers de Dressel 1 existent également en
Gaule : à Lyon, Marseille, Saint-Just d’Ardèche, Magalas à Montfo ou bien à Agde23. Dans ce dernier cas, sa
production remonte à la seconde moitié du iie s. a.C., ce qui en fait l’atelier d’amphores romaines le plus ancien
de Gaule. Sa pâte est marbrée et pourrait être repérée sur l’isthme Aude-Garonne, où semble-t-il ces types
d’argiles sont assez fréquentes24.
Depuis leur développement dans les années 1970, les analyses physico-chimiques et pétrographiques sur les
argiles des amphores sont restées le seul outil pour identifier les ateliers de production en Italie25. G. ThierrinMichael a apporté des solutions de lecture des pâtes 26 qui permettent de reconnaître des groupes de pâtes
(souvent assez grossières) et de tenter de déterminer les groupes pour différentes zones d’exportation. Si l’on a
longtemps pensé que tous les vins d’Italie étaient exportés de manière aléatoire -”les vins viennent du Latium,
d’Etrurie et de Campanie”-, il s’avère qu’en réalité à des zones de production correspondent des zones de
distribution, et qu’il faut donc chercher à reconnaître le groupe “dominant” pour chaque région, ainsi que le
cortège des groupes “mineurs” qui l’accompagne. À terme l’exercice permettrait de mesurer les différences et les
correspondances entre les réseaux de distribution, après avoir réalisé des analyses en laboratoire.
À Bibracte, le groupe dominant est représenté par les trois ateliers de l’ager Cosanus27 (Albinia, La Feniglia,
Cosa), accompagnés des ateliers satellites, au nombre de 40 environ. On ne sait pas encore évaluer la part de
chaque groupe satellite (de 2 à 15 %). Idéalement, pour chaque site, il faudrait tendre à mettre en corrélation
les différentes parties des amphores (bord, épaule, fond) et les argiles, et ne pas préjuger des datations avec les
seuls bords28.
1819202122232425262728-
Olmer 2012.
Olmer 2012.
Benquet & Olmer 2002.
Lopez Mullor & Martin Menéndez 2006.
Information inédite, je remercie mes collègues pour les échantillons de pâte.
Dangréaux & Desbat 1997 ; Bertucchi 1992 ; Laubenheimer et al. 1989 ; Py 2001.
Information M. Loughton.
Hesnard et al. 1989.
Thierrin-Michael 2003.
Olmer 2003.
Olmer 2012.
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Fig. 11. Proposition de schéma des distributions d’amphores en Gaule.
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Au final, les origines sont diverses et le réseau des distributions est complexe. À des zones de productions
correspondent des zones de distributions, les régions se répondant (fig. 11) :
– l’Étrurie méridionale alimente les réseaux de la France du Centre-Est (flèche pleine rouge) ;
– le Latium envoie une partie de ces productions vers l’Andalousie (flèche pleine rose) ;
– la Campanie et le Latium alimentent très largement l’isthme Aude-Garonne (flèche pleine orange).
En outre, au-delà du “groupe dominant”, on perçoit le rôle des “groupes mineurs” (flèches en pointillés) et
il serait nécessaire de mieux caractériser le rôle des zones de production actuellement encore négligées que sont
la Bétique, la Catalogne, la Gaule méridionale et les zones vinicoles de l’Italie où l’on rencontre peu d’attestation d’ateliers (Ligurie, Etrurie septentrionale, Calabre).
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les Vaisselles CéraMiques
Les importations de vaisselle céramique forment généralement un bon marqueur chronologique mais également une trace des relations pouvant exister entre les peuples gaulois et les rivages méditerranéens. Nous nous
bornerons ici à évoquer le cas de la Gaule, les importations de céramiques étant exceptionnelles dans le reste
de la Celtique et assez mal documentées 29, et uniquement des importations méditerranéennes, les importations
entre les différents peuples celtes étant ardues à repérer et ne portant que sur quelques productions assez mal
connues de ce côté-ci de l’Europe 30. Concernant les différentes productions, l’analyse porte essentiellement sur
les céramiques italiques à vernis noir (CIVN, campanienne A et B principalement), avec quelques rappels si
besoin sur les autres productions attestées, telles que les céramiques à pâte claire.
Nouvelle carte de répartition
La carte, qui vient compléter les premières répartitions proposées pour la France31 en y intégrant une notion
de quantité et en élargissant le cadre aux pays d’Europe occidentale, recense 582 sites ayant livré des fragments
de vaisselle à vernis noir (fig. 12). Nous avons volontairement écarté les péninsules Ibérique et Italique32. Le
travail est toujours en cours d’élaboration et bien entendu les avancées des recherches, notamment préventives,
apporteront leur lot de découvertes qui modifieront encore cette répartition.
Comme on pouvait s’y attendre, la majorité des vaisselles à vernis noir importées se concentre le long des
rivages méditerranéens. Ensuite, on note une répartition préférentielle le long des grands axes de circulation
que sont les vallées, notamment les axes Aude-Garonne, Rhône-Saône et Loire-Allier. Enfin, on remarquera une
diffusion de plus en diffuse au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la Méditerranée. Les derniers grands points
de fixations correspondent aux agglomérations (agglomérations ouvertes et oppida). En fin de compte, ce
schéma de diffusion vers l’intérieur des terres reste assez semblable dans ses grandes lignes à celui des amphores.
Doit-on voir là une relation de type cargaison principale ou fret d’accompagnement comme il est souvent
proposé ? Nous allons voir que, à notre avis, la réalité semble un peu plus nuancée.
Quelques aspects de la chronologie de diffusion en Gaule interne
Les premières importations touchent bien entendu les rivages de la Méditerranée. Vers l’intérieur des terres,
on note quelques importations éparses dès le iiie s. a.C., ces éléments étant bien souvent malheureusement hors
contexte ou bien présents dans des contextes du iie s. a.C. On notera, par exemple, une anse horizontale de
cratère dans un ensemble de la première moitié du iiie s. a.C. à Clermont-Ferrand “La Grande Borne”33, les
timbres L. SAURA de Toulouse “Saint Roch” et Vieille-Toulouse34, la présence de céramiques de Teano à
Hières-sur-Amby “Larina”35 ou bien encore des fragments de l’atelier des Petites Estampilles à Vienne36. Ces
exemples montrent quelques contacts vers l’intérieur des terres. Pour cette période, on ne peut pas a priori
parler de commerce, ni même semble-t-il de contacts fréquents et pérennes. Il faut attendre la fin du iiie s. a.C.
et le début du siècle suivant pour commencer à entrevoir une “normalisation” des échanges avec la Gaule
interne, avec notamment des ensembles comportant des fragments de bols Lamb 27ab dans des ensembles datés
29- Ainsi, à Manching, on relève seulement 5 tessons de céramiques à vernis noir : Stöckli 1979.
30- On pense par exemple aux importations de céramique dite “graphitée” provenant d’Europe centrale que l’on trouve parfois sur
certains sites de Gaule (par exemple : Pesteil 2007).
31- Morel 1990a ; Morel 1990b ; Colin 1998.
32- Pour la première, on pourra se référer aux cartes présentées dans Luik 2002. Pour la seconde, il aurait été illusoire d’essayer de tracer
les céramiques à vernis noir, même en se cantonnant aux seules campaniennes universelles.
33- Deberge et al. 2007a.
34- Gorgues 2010.
35- Morel 1990b.
36- Perrin & Bellon 1992.
Voies, aCteurs et Modalités du grand CoMMerCe en europe oCCidentale
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Fig. 12. Carte de répartition quantiiée en NMI des céramiques à vernis noir (H. Bohbot, CNRS, UMR 5140).
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de la fin de La Tène C1 à Clermont-Ferrand “Gandaillat” 37. Par la suite, à partir de 175-150 a.C., de nombreux
sites livrent des importations de CIVN principalement de type campanienne A. On citera notamment les sites
de Verdun-sur-Le Doubs “Le Petit Chauvort”38, Clermont-Ferrand “La Grande Borne” et “Gandaillat”39,
Toulouse “Saint-Roch” et Vieille-Toulouse40. Là encore, ces sites se situent tous le long de grands axes de
communications et appartiennent la plupart du temps à la catégorie des agglomérations ouvertes. On notera
que pour cette première phase d’importation de vases à vernis noir, les amphores semblent absentes ou en tout
cas, peu représentées. Seule la région toulousaine semble montrer une concomitance entre les amphores
italiques et les vases campaniens dès la première moitié du iie s. a.C. Ailleurs en Gaule interne, la plupart des
sites livrant des CIVN à date haute ne fournissent pas de matériel amphorique41. Le commerce de ces céramiques
- si l’on peut qualifier de “commerce” les quelques centaines de vases arrivant en Gaule interne - doit donc être
au début déconnecté de celui du vin.
3738394041-
Deberge et al. 2007a.
Barral 1994.
Deberge et al. 2007a et b.
Par exemple : Bats 1986 ; Gorgues 2010.
Loughton 2000 ; Verrier & Videau 2001.
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Par la suite, après le milieu du iie s. a.C., on assiste à la fois à l’explosion du commerce du vin et à celui des
campaniennes. Nous ne reviendrons pas sur le développement fulgurant de ce commerce, mais nous noterons
que vers 150-125 a.C., si les amphores vinaires semblent se diffuser un peu partout en Gaule, les vases à vernis
noir se limitent encore aux mêmes zones que la période précédente, à savoir les grandes vallées en contact direct
avec la Méditerranée. Toutefois, les statuts des sites se diversifient : outre les agglomérations ouvertes, on
commence à reconnaître des importations sur des sites de moindre statut de type ferme indigène. Ces sites, loin
de présenter des caractères aristocratiques, ont pourtant l’opportunité de s’approvisionner en vernis noir. Nous
serions enclin à voir là un effet d’aubaine, avec des sites se situant à proximité des grandes voies de passages des
marchandises et ayant un accès plus facile à des marchandises “exotiques”. Ainsi, dans la vallée de la Saône, on
citera les sites de Azé “Le Saulé”42, Uchizy “En Bénin”43 ou encore Authumes “Le Tertre”44. Dans le Massif
Central, les sites de Clermont-Ferrand “Gandaillat”45 et Saint-Ours “Le Bru”46 appartiennent eux aussi à la
catégorie des fermes indigènes.
Après 125 a.C., il semble que le réseau d’approvisionnement en CIVN se capillarise avec toujours des sites
de forts statut, notamment des oppida,s mais également d’autres sites plus modestes. D’un point de vue chronologique, on remarque que si les grandes cités gauloises du Centre-Est et de l’Ouest de la France reçoivent leur
lot de CIVN, les sites situés plus au nord semblent devoir attendre le début, voire le milieu, du Ier s. a.C. pour
être approvisionnés. On notera là-encore une dichotomie entre importation de vin et importation de vaisselle.
Ainsi, sur un site alsacien comme Saverne “Le Fossé des Pandours”, on trouve des amphores dès la phase La
Tène D1 alors que les campaniennes sont absentes : il faut attendre la phase suivante pour voir l’apparition de
celles-ci47. Les quantités de vernis noir retrouvés sur les sites de Gaule du Nord sont de toute façon extrêmement
réduites avec souvent moins d’une dizaine de fragments, comme par exemple au Titelberg48.
Des faciès régionaux
Les recherches dans le Sud de la France ont mis en évidence des faciès régionaux dans l’approvisionnement
des vaisselles à vernis noir sur les rivages nord-occidentaux de la Méditerranée. Ainsi, pour le ier s. a.C., P. Arcelin
montre que dans une grande zone centrée sur le triangle bas-rhodanien, les campaniennes A restent majoritaires
alors qu’ailleurs, tant en Catalogne qu’en Languedoc occidental, les céramique de type B calénien prennent le
pas sur la production napolitaine durant les premières décennies du siècle49. De même, entre Arles et Marseille
et le long de la côte provençale, on relève la présence récurrente de campanienne C sicilienne. Pour l’auteur, ces
faits sont dus aux relations entre la métropole phocéenne et la Grande Grèce, puis plus particulièrement avec
Naples50. La question de l’implantation romaine avec notamment la fondation de Narbonne en 118 a.C.
pourrait également avoir joué un rôle dans le remplacement des lieux de provenance des campaniennes avec le
passage du type A napolitain au type B calénien. Ainsi, nous pourrions observer des choix privilégiés dans les
approvisionnements, dus semble-t-il à des intérêts communs, voire des alliances entre cités consommatrices et/
ou régions de production. Dans le cas de Marseille, l’hégémonie de celle-ci sur le sud de la Gaule a même permis
une diffusion de produits dont elle était destinataire – demandeuse ? – dans un premier temps, puis
distributrice.
424344454647484950-
Barthélémy 1988.
Barral 1994.
Barral & Videau 2005.
Deberge et al. 2007b.
Mennessier-Jouannet et al. 2005.
Fichtl & Adam 2002.
Metzler 1995.
Arcelin 2000.
Voir également à ce sujet Morel 1990b.
Voies, aCteurs et Modalités du grand CoMMerCe en europe oCCidentale
On peut se demander quel impact ont eu ces “arrangements” commerciaux entre Méditerranéens sur les
importations en Gaule interne. On sait, à travers l’exemple des amphores, que certains contacts sont noués
entre des régions – des peuples particuliers ? – de Gaule interne et des régions productrices de vins, voire avec
certaines familles de négociants51.
Pour la Gaule interne, une première donnée concerne le rapport entre le type A et le type B campanien.
J.-P. Morel notait déjà que la prédominance d’un type sur l’autre avait surtout une valeur chronologique52. Ainsi,
pour caricaturer, un site du iie s. a.C. comprend essentiellement de la campanienne A, un site du ier s. a.C.
essentiellement de la campanienne B. Un site ayant à proportions égales le type A et le type B serait soit un site
chronologiquement à cheval sur ces deux siècles, soit à occupation longue. Cette constatation ne semble pas
devoir être remise en cause encore actuellement, même si l’on place le basculement de l’un à l’autre dans le
courant du premier quart du ier s. a.C.53. Toujours est-il que l’on ne retrouve pas la perduration des importations
de campanienne A que l’on connaît pour les régions du Languedoc oriental et la Provence. Dans ce cas précis,
les échanges ayant lieu sur les bords de la Méditerranée ne semblent pas influer outre mesure sur les contacts
avec la Gaule interne, à moins de considérer que toute la Gaule est à rapprocher du faciès languedocien
occidental et serait en rapport avec la mainmise romaine sur ce commerce, soit un raccourci rapide et indéfendable en l’état.
En revanche, si l’on compare des faciès entre des lots céramiques provenant de différentes régions, on
remarque quelques différences qui ne semblent pas fortuites. Nous allons évoquer l’exemple de quelques sites
tous datés de la seconde moitié du iie s. a.C., situés pour certains dans la moyenne vallée de la Saône, pour
d’autres, dans la région de Clermont-Ferrand, en plaine de Grande Limagne. Si l’on retient comme grandes
formes les assiettes, les coupes, les bols et les coupes à anses54, on remarque que dans la vallée de la Saône, la
forme prédominante est l’assiette. Les proportions semblent plus mitigées en plaine de Grande Limagne avec
une répartition voisine entre les coupes et les assiettes, les bols étant, comme pour les sites du val de Saône
toujours moins bien représentés. Il semble donc que, pour des sites d’une même période nous ayons là des faciès
différents selon les régions consommatrices.
On peut également rajouter à l’équation d’autres classes de céramiques importées. Ainsi, si l’on prend en
compte, en plus des CIVN, les pâtes claires (CL-REC) on remarque que les proportions entre ces deux classes
varient grandement selon les deux grandes régions évoquées précédemment. Ainsi, dans la moyenne vallée de
la Saône, on retrouve quasiment à égalité des importations de vernis noir et de pâte claire. Pour la plaine de
Grande Limagne, la situation diffère nettement avec des proportions entre CIVN/CL-REC plus proches des
70 %/30 %55.
La classe des céramiques à pâte claire regroupe à la fois de la vaisselle de table (coupes, coupes à anses), de
service (cruches) ou encore de cuisine (mortiers). Notons tout de suite que les formes importées les mieux
représentées sont, de loin, les cruches. Si l’on prend ces dernières, on s’aperçoit à nouveau que des disparités
existent entre différentes régions de Gaule interne. Ainsi, dans la moyenne vallée de la Saône (toujours pour la
même époque, soit la secocnde moitié du iie s. a.C.), la très grande majorité des cruches sont de formes CL-REC
2b56. Pour la région proche de Clermont-Ferrand, le constat est plus nuancé avec à la fois des CL-REC 2b, mais
également quelques éléments se rapprochant de la forme CL-REC 1a57. Si l’on étend géographiquement notre
51525354555657-
Voir les différents exemples proposés grâce au timbrage dans Olmer 2003.
Morel 1990a.
Voir par exemple à Narbonne : Sanchez 2007.
Deberge et al. 2007a.
Deberge et al. 2007a.
Selon la typologie du DICOCER (Py 1993)
Deberge et al. 2007a.
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Mobilité des hoMMes, diffusion des idées, CirCulation des biens dans l’espaCe européen à l’âge du fer
rapide analyse, on s’aperçoit que pour la région toulousaine, toujours pour la même période, les cruches
CL-REC 1a sont majoritaires pour ne pas dire exclusives de toutes autres formes58.
Ces quelques exemples semblent donc montrer que selon les régions de Gaule interne, on reconnaît des
faciès d’importations de vaisselle céramique différents. La grande question est donc de savoir si cela est dû à un
choix de la part des consommateurs gaulois ou bien s’ils sont tributaires des réseaux d’importations. À notre
avis, la réponse est à chercher entre ces deux idéaux-types. D’un côté, il nous semble évident que le consommateur choisit le produit qui lui plaît. Pourtant, dans le cas d’importations à grande distance, il doit être tributaire
des grands réseaux d’importations. Ainsi, le choix des formes dans la vaisselle de table à vernis noir doit selon
nous être vu comme une demande de la part du consommateur, une forme plate n’ayant certainement pas la
même utilisation qu’une forme plus profonde. A contrario, concernant des céramiques plus communes comme
les pâtes claires, une cruche reste une cruche, un vase servant à servir ou puiser un liquide. Ici, la typologie nous
renseigne sur des régions de provenance différentes. Même si l’on considère qu’une partie du mobilier à pâte
claire peut être fabriqué en Italie, ou plus près de la Gaule interne, sur les rivages nord-occidentaux de la
Méditerranée, les arrivées de ces produits doivent s’effectuer selon quelques points en contact direct avec
l’intérieur des terres. On pourrait par exemple voir d’un côté le rôle de Marseille (ou d’Arles ?) contrôlant une
partie du commerce en direction de la vallée de la Saône, et de l’autre, le rôle de Narbonne (ou d’Agde ?) vers
les marchés de l’isthme gaulois. Pour ce dernier point, on remarquera que dans les ensembles narbonnais de la
deuxième moitié du iie s. a.C., la cruche CL-REC 1a est la seule forme de cruche reconnue au sein des pâtes
claires59.
Notre vision peut sembler ici trop méditerranéo-centriste, avec un contrôle du commerce organisé par des
acteurs grecs ou romains. Quelques données bien trop disparates laissent entrevoir que certains marchands ou
intermédiaires méditerranéens sont installés en Gaule interne. On rappellera, par exemple, le texte de César
évoquant les marchands de Cenabum ou de Cabillodunum 60. Un graffito EUKRITUL[...] provenant de Roanne
fait dire à J.-P. Morel qu’un Eukritos, fils de L..., pourrait bien être un commerçant, ou tout du moins, un Grec
installé en territoire gaulois61. D’un autre côté, certains textes nous renseignent sur le fait que les “indigènes”
contrôlent ou en tout cas prennent à leur compte une partie du commerce. Ainsi, pour une période un peu
plus ancienne – la deuxième Guerre punique – Polybe rappelle que les populations gauloises de la vallée du
Rhône possèdent des bateaux leur servant à commercer par voie maritime62.
les Vaisselles Métalliques
La réflexion porte sur les vaisselles métalliques dites “tardo-républicaines” associées dans leur contexte
méditerranéen au banquet et à la consommation du vin63. Les types attestés correspondent à des modèles
italiques bien connus sauf exception, notamment quelques éléments atypiques de facture celtique encore mal
documentés64 (fig. 13). Ils se répartissent en onze formes principales, répondant à six fonctions (recevoir, laver,
58- Gorgues 2010.
59- Sanchez 2009.
60- César, BG, 7.3 et 7.90.
61- Morel 1997.
62- Polybe, Hist. Gen., 3.42
63- Feugère & Rolley 1991.
64- Par exemple, anse de cruche à œillets et rivets émaillés de Bibracte : Girard et al. 2008, 86 ; possible couvercle de cruche à attache à
rivets émaillés de Verna : Perrin & Schönfelder 2003, 47, cependant son identification comme pièce de vaisselle est discutée : Bozic 2003.
Voies, aCteurs et Modalités du grand CoMMerCe en europe oCCidentale
———
Fig. 13. Planche synoptique des principaux types de vaisselles métalliques attestées en Gaule.
———————
puiser/verser, mélanger, filtrer, consommer) et à associer à trois services (toilette, boisson, nourriture)65.
L’attribution des formes et des types à l’un ou l’autre de ces services prête à discussion66, et l’on préfèrera donc
éviter celles exclusives liées à une vision trop théorique et méditerranéo-centriste, ne reflétant pas la multiplicité
des usages possibles dans les contextes gaulois. Les vaisselles sont donc réunies pour l‘instant en sept groupes
de forme pour permettre une approche quantifiée générale67.
65- Les questions de fonction, de typologie et de chronologie des vaisselles sont abordées dans le détail dans une autre étude : Girard à
paraître.
66- Feugère & Rolley 1991 ; Metzler, 1995 ; Perrin & Schönfelder 2003.
67- Groupes : 1 = bassin, plat, poêlon ; 2 = situle ; 3 = cruche, bouteille, amphore ; 4 = simpulum ; 5 = passoire ; 6 = coupe, gobelet ; 7 =
autre, indéterminé.
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Mobilité des hoMMes, diffusion des idées, CirCulation des biens dans l’espaCe européen à l’âge du fer
Nouvelle carte de répartition
Le corpus compte à ce jour 962 fragments, pièces isolées et objets plus ou moins complets, pour un total de
832 individus, provenant de 261 sites. L’inventaire des découvertes en Gaule (France, Luxembourg, Suisse) est
le plus exhaustif possible68 et représente 78,1 % du total (650 individus issus de 183 sites). L’inventaire des
découvertes en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Autriche, en République tchèque, en Slovaquie et en
Hongrie est pour l’instant limité aux attestations connues, auxquelles s’ajoutent quelques découvertes récentes
(au total 182 individus provenant de 78 sites). La réflexion portera sur la Gaule, les découvertes du Nord de
l’Allemagne et d’Europe centrale répondant à d’autres circuits et questionnements. La documentation de Gaule
provient pour 68,8 % des habitats (dont : oppida 54,5 %, agglomérations 8 %, fermes/autres 6,3 %), pour 18 %
des tombes (dont 13,4 % en Transalpine), pour 5,8 % de sites cultuels (sanctuaires, dépôts) et enfin pour 7,4 %
des autres sites (divers, découvertes subaquatiques et de prospection).
La carte montre une répartition assez différente de celles des amphores et des céramiques à vernis noir, avec
de fortes inégalités de diffusion et de concentration (fig. 14). Comme pour les vernis noirs, la concentration la
plus importante se trouve en Transalpine, dans le triangle bas-rhodanien et sur le littoral méditerranéen de
———
Fig. 14. Carte de répartition quantiiée en NMI des vaisselles métalliques (H. Bohbot, CNRS, UMR 5140).
———————
68- Sous réserve de découvertes récentes non portées à la connaissance de l’auteur.
Voies, aCteurs et Modalités du grand CoMMerCe en europe oCCidentale
Marseille à Narbonne, un deuxième cercle de diffusion plus restreinte étant matérialisé au sud du Massif
central, de Rodez à Jastres (Cévennes et Grands Causses). La Transalpine regroupe à elle seule 45,5 % du corpus
gaulois, en incluant les sites de Toulouse. Marseille et Narbonne jouent à l’évidence le rôle de portes d’entrée
des produits issus du commerce maritime. Les grands axes de circulation fluviaux sont relativement documentés,
notamment les axes Aude-Garonne et Rhône-Saône, avec des sites relais comme Toulouse, Lyon et Châlon-surSaône, mais comportent aussi des zones vides (moyenne vallée du Rhône, mais c’est aussi le cas des amphores
et des céramiques). Quelques jalons existent sur l’Allier et dans la haute vallée de la Loire. On note également
une distribution assez régulière dans un arc allant du Massif central à l’Est de la Suisse.
La répartition générale semble pourtant assez aléatoire, et l’on ne peut vraiment parler ni d’une diffusion
large sur l’ensemble du territoire comme pour les amphores, ni d’une diffusion de plus en plus lâche à mesure
que l’on s’éloigne de la Méditerranée et des grandes voies de distribution comme dans le cas des céramiques à
vernis noir, même si l’on peut relever que les oppida sont les principaux points de fixation et, donc, probablement les centres d’approvisionnement. Les répartitions semblent matérialiser d’abord l’histoire des recherches,
les découvertes étant cristallisées sur des sites et des régions (Bibracte et territoires éduen, lingon et séquane,
territoire biturige, Titelberg, vallée de l’Aisne, etc). En tout état de cause, elles tendent à indiquer deux circuits
de distribution dans la mouvance des voies les plus anciennes du commerce de l’âge du Fer, le commerce
maritime de Méditerranée occidentale puis les voies terrestre et fluviale via la Transalpine, et les voies terrestres
par les Alpes.
Questions de chronologie, de provenance et de transport
Aucun site de La Tène C2 n’a fourni de vaisselle métallique importée à ce jour. Des situles à attaches rivetées
en fer sont connues dès cette phase par exemple à Levroux, mais il s’agit de vaisselles de production vraisemblablement locale69 (à moins que quelque importation ne se cache parmi elles ?). Près de 70 % des vaisselles
proviennent de sites à occupation “longue”, occupés à La Tène C2 et La Tène D1 ou à La Tène D1 et La Tène
D2.
Pour ce qui est des sites occupés à la Tène C2 et D1, la diffusion concerne en l’état des données issues quasi
exclusivement des oppida de Provence occidentale occupés au iie s. a.C. et détruits militairement lors de la
conquête romaine dans les dernières décennies du siècle (ou supposés tels). L’ensemble le plus important est
celui d’Entremont (Aix-en-Provence, 13) 70, relativement diversifié, avec des simpula verticaux à crochet simple
ou à tête zoomorphe, un gobelet de type Idria et des éléments de passoire dans des contextes de la phase 2 de
l’occupation (150-100 a.C.). On note également une attache d’anse double décorée appartenant à une situle à
corps ovoïde ouvert de type Mahdia 3 (à considérer comme un produit de luxe ?) sur l’oppidum de La Teste de
l’Ost (Mimet, 13)71 ; une vasque de passoire, une attache d’anse de situle et un simpulum à Saint-Blaise (SaintMitre-les-Remparts, 13)72 ; un poucier de passoire sur l’oppidum du Baou Roux (Bouc-Bel-Air, 13)73. En
Languedoc, on ne peut guère citer qu’un poucier de passoire sur l’oppidum du Marduel (Saint-Bonnet-du-Gard,
30)74, et un simpulum sur l’oppidum des Castels (Nages-et-Solorgues, 30)75. En Gaule interne, très peu de
documents sont attestés en contexte antérieur à 100 a.C. : un poucier de passoire dans l’agglomération ouverte
69- Guillaumet 2000.
70- Girard 2010, vol. 3, pl. 311-315.
71- Girard 2010, vol. 3, pl. 255 : sondage IB, pièce 1, couche 3, 175-100 a.C. Document inédit en Gaule, identifié d’après la situle de type
3 de l’épave de Mahdia (Tunisie) : étude R. Petrovszky in Hellenkemper Salies et al. 1994, 663-700.
72- Girard 2010, vol. 3, pl. 47 ; documents issus des fouilles anciennes, hors stratigraphie.
73- Mentionné dans les inventaires de la collection Tennevin des fouilles anciennes, mais non documenté : Boissinot 1990. La dernière
phase d’occupation du site (phase 14) est située entre 175 et 125/120 a.C.
74- Py & Lebeaupin 1986, fig. 30, n°25 : maison 122, phase IIB2, vers 125-100 a.C.
75- Py 2006-2007, fig. 24, n°147 : maison H4, pièce H6, US 8042, phase Nages II récent, iie s. a.C.
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Mobilité des hoMMes, diffusion des idées, CirCulation des biens dans l’espaCe européen à l’âge du fer
de Verdun-sur-Doubs “Le Petit Chauvort” (71), dans un contexte de La Tène D1b précoce 76, un autre dans celle
d’Acy-Romance “La Warde” à La Tène D1 (08) 77.
De façon générale, les données chronologiques disponibles sont disparates à l’échelle de l’ensemble du
corpus, dont une large part est issue de recherches anciennes. L’analyse fine de l’évolution des faciès et des
diffusions nécessite un réexamen complet des contextes site à site. Le problème réside également dans le fait
que la typologie et la chronologie n’ont guère progressé depuis deux décennies au-delà des grands groupes et des
datations définis en 1990, dans le sens d’une caractérisation plus précise des types attestés et de leur terminus
post quem d’apparition dans chaque région.
La typologie, la technologie et le style sont les principaux outils pour dénouer les fils des réelles importations
italiques, des productions originales et des copies et réparations en contexte gaulois, en l’attente du développement de nouvelles approches (analyses de matériaux ?). En outre, si l’on veut espérer affiner la lecture jusqu’aux
utilisateurs, il s’agit de différencier aussi la qualité des productions. On perçoit en effet assez aisément l’existence
de productions de luxe destinées probablement aux élites locales, et de produits de moindre valeur, peut-être
fabriqués en plus grandes quantités. Elles sont diffusées à destination d’un marché élargi, déterminables selon
divers critères accessibles à l’étude directe des objets (masse de métal, technique de réalisation, présence/absence
de décors, matériaux rapportés, soin des finitions), quand d’autres critères potentiels sont encore inexploités
(qualité des métaux). Il est clair, par exemple, que l’anse de cruche en bronze à tête de satyre et décor incrusté
d’argent, de production peut-être napolitaine, trouvée à Bibracte78, a peu à voir avec les cruches de type Kelheim
du même site, de la même façon que la situle à attaches à têtes de silène de l’épave Fourmigue C79 n’était pas
destinée à la même clientèle que d’autres formes de situle de facture plus commune.
À ce propos et concernant également les zones de production, il faut évoquer une découverte des fouilles
récentes de F. Verdin sur l’oppidum de Constantine (Lançon-de-Provence, 13), dans un contexte daté vers 50
a.C. : une extrémité de manche de simpulum apparenté au groupe 380 mais original, pourvu d’un crochet à tête
de canidé, puis, à l’opposé, d’une petite passoire terminale hémisphérique81 (fig. 15). Cet objet fournit un jalon
pour préciser l’évolution typologique des simpula à manche vertical, puisqu’il s’agit d’une forme hybride, intermédiaire entre les exemplaires classiques du groupe 3 à crochet zoomorphe, les plus répandus, et les exemplaires
à manche à passoire terminale du groupe 5. Les premiers sont attestés en Provence dès la deuxième moitié du
iie s. a.C., ceux du groupe 5 sont connus par cinq exemplaires en Italie 82, quatre en Gaule interne 83 et quatre en
Transalpine. Excepté un exemplaire hors contexte de Gruissan, ces derniers proviennent tous de contextes
postérieurs à 50 a.C., dans l’établissement de Lambesc “Sainte-Catherine” (13)84, dans l’oppidum du Fort à
Taradeau (83)85 et dans une tombe de Glanum “Thor Blanc” (13)86. S’y ajoute un manche à crochet et passoire
appartenant à un type plus proche de celui de Constantine et provenant de la nécropole de Mouriès “Servanes 1”
(13)87. Compte tenu de l’absence en Italie de ces formes intermédiaires, il est possible de proposer comme
hypothèse de travail l’existence de productions originales en Transalpine, de simpula à manche vertical plat
dérivés de modèles italiques, peut-être avant tout destinées au marché régional. Il faut signaler également à
76- Comblement de la fosse 205, étape 2 du site (s’y ajoute un doigtier issu des fouilles antérieures) : Dubreucq à paraître, Barral &
Videau 2012, 99.
77- Comblement d’un trou de poteau, inédit, information B. Lambot.
78- Bonenfant et al. 1999-2000.
79- Baudoin et al. 1994.
80- Selon la nomenclature proposée dans Feugère & Rolley 1991, 72-86.
81- Girard 2010, vol. 2, fig. 322, vol. 3, pl. 137.
82- Dont trois seulement en contexte connu, notamment à Ornavasso et à Bolsena, in Feugère & Rolley 1991, 85, n°8-12.
83- Tombe de Berry-Bouy “Fontillet”, lit de la Saône à Châlon, MAN sans provenance et Lyon “Colline de Fourvière”, in Feugère &
Rolley 1991, 84-85, n°1-4.
84- Almes et al. 1985.
85- Brun et al. 1993, fig. 65, n°164.
86- Arcelin & Arcelin-Pradelle 1975, fig. 5, n°1.
87- Feugère & Rolley 1991, 86, fig. 22 ; Marcadal et al. 2003, fig. 11.
Voies, aCteurs et Modalités du grand CoMMerCe en europe oCCidentale
———
Fig. 15. Fragment de simpulum de Constantine (A) et proposition de schéma d’évolution typologique des simpula à manche
vertical plat du groupe 3 au groupe 5 (B) (1,3 : photos et dessins B. Girard ; 2, 4, 5 : d’après Feugère & Rolley 1991).
———————
Toulouse un fabricat de simpulum à manche horizontal de type Pescate sous la forme d’un manche brut de
fonte, provenant de la Caserne Niel, dans un contexte de La Tène D188. Il s’agit d’un exemple isolé pour l’instant et d’un modèle diffusé quasi exclusivement enTransalpine.
Les acteurs du commerce sont-ils à rechercher du côté des mêmes commerçants méditerranéens ou gaulois
contrôlant et gérant le commerce du vin et/ou des vaisselles céramiques ? Un indice en ce sens pourrait être
fourni par les associations de mobiliers dans les habitats. La quasi-totalité des sites ayant fourni des vaisselles
métalliques a en effet livré aussi des amphores : 102 sites sur un total de 114 (soit 89,5 % des occurrences), pour
429 individus sur un total de 447 (soit 96 % du NMI)89. Dans le détail, seuls 24 sites ont fourni ces deux types
88- Inédit : Arramond & Requi 2006, 74.
89- Parmi les 12 sites avec seulement des vaisselles métalliques, 7 sont situés en France, et sont soit peu ou pas explorés, soit connus par des
recherches anciennes très mal documentées ; 6 sont situés en Suisse, qui en l’état actuel des données a fourni très peu d’amphores italiques en
contexte d’habitat.
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Mobilité des hoMMes, diffusion des idées, CirCulation des biens dans l’espaCe européen à l’âge du fer
de mobilier, tandis que 78 sites ont fourni également des céramiques à vernis noir. Cette corrélation est cependant très liée à l’état des connaissances et aux recherches de terrain et, en tout cas, ne suffit pas en soi pour
démontrer une relation nécessaire entre diffusion des amphores et diffusion des vaisselles métalliques.
La question des modes de transport reste floue également, faute d’éléments explicites livrés par les découvertes sous-marines. La documentation des épaves de Méditerranée nord-occidentale ne compte que 32 individus
provenant de 11 épaves90 (9 certaines et 2 possibles), pour un total de plus de 200 navires républicains avec
chargements d’amphores recensées à ce jour91. Les épaves assurées dont les datations s’échelonnent du milieu
du iie au milieu du ier s. a.C. sont situées exclusivement sur le littoral provençal. Toutes ont fourni des amphores
Dressel 1, à l’exception de l’épave Titan qui contenait des amphores Dressel 10 et 12 ; trois contenaient également des céramiques à vernis noir. Le nombre de pièces par épave est très limité et hormis le cas exceptionnel
de Fourmigue C92, il est impossible de savoir si elles faisaient partie des cargaisons ou du matériel de bord.
En ce qui concerne enfin les provenances et les ateliers, peu d’éléments nouveaux peuvent être apportés, du
moins à notre connaissance, faute de renouvellement des recherches sur les documents italiques, aux hypothèses
formulées en 1990 sur les zones de production italiennes, en Étrurie, en Campanie et en Italie du Nord 93. Par
ailleurs, si l’hypothèse de productions de passoires en contexte celtique reste en suspens à l’heure actuelle, en
revanche la courte série de passoires provenant probablement d’une épave dans les eaux d’Orbetello en Étrurie
méridionale94 est peut-être un indice de l’existence d’ateliers de productions dans l’ager Cosanus, de même
qu’une inscription mentionnant un Χαλκευς/Chalceus (bronzier) sur la propriété des Domitii Ahenobarbi95. Ces
ateliers potentiels et de façon générale les ateliers italiens demeurent inconnus. Il s’agit d’une voie de recherche
à développer à long terme.
Des faciès régionaux
La carte générale des faciès des sites, exprimés avec la composition des corpus selon les groupes de forme de
vaisselles métalliques, permet de visualiser la dichotomie traditionnellement reconnue entre une “zone de la
passoire” en Gaule interne, et plus largement en Europe occidentale nord-alpine, et une “zone du simpulum”
correspondant à la Transalpine96 (fig. 16). L’examen de la composition des vaisselles de différentes entités
géographiques permet d’affiner cette vision générale et de percevoir des différences régionales (fig. 17). Ainsi en
Transalpine, les vaisselles sont très largement composées de simpula et de situles (61,5 % des effectifs), tandis
qu’en Gaule interne ce sont les passoires et les cruches qui prédominent (59 % des effectifs). C’est donc plutôt
une opposition entre une zone d’association simpulum et situle et une zone d’association passoire et cruche
qu’il faut évoquer. En outre, les bassins et poêlons sont deux fois plus nombreux en Gaule interne qu’en
Transalpine. Du point de vue de la fonction, le constat est peut-être à verser à l’analyse des différences régionales
de “romanisation des usages”, si l’on considère le simpulum et la situle comme des formes plus spécifiquement
liées à la consommation du vin et les cruches et passoires comme plus ubiquistes, ou plus simplement une
question de modes de consommation.
90- Épaves certaines : Marseille (13), Pointe Pommègues (1 ind.) ; Golfe-Juan (06), Fourmigue C (3) ; Saint-Raphaël (83), Dramont C
(3) et Chrétienne M (2) ; Ramatuelle (83), Camarat 2 (6) et Taillat 1 (3) ; La Croix-Valmer (83), Pointe du Brouil (1) ; Toulon (83), Titan
(2). Épaves possibles : Saintes-Maries-de-la-Mer (13) (4 ind.) ; Gruissan (34), Grand Bassin B (7). Des pièces métalliques inédites existent
cependant et l’on peut attendre des compléments même limités avec leur étude prochaine en collaboration avec le DRASSM.
91- Parker 1992 et compléments F. Olmer.
92- Baudoin et al. 1994.
93- Feugère & Rolley 1991.
94- Ciampoltrini 1994.
95- Manacorda 1981, 46.
96- Feugère & Rolley 1991, 166-167.
Voies, aCteurs et Modalités du grand CoMMerCe en europe oCCidentale
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Fig. 16. Carte des faciès de vaisselle métallique par site selon les principales formes (H. Bohbot, CNRS, UMR 5140).
———————
Des différences régionales sont d’autant plus perceptibles à une échelle plus réduite, à travers l’exemple des
trois régions actuellement les mieux documentées (419 individus sur 650) (fig. 17). Le faciès de la basse vallée
du Rhône et du littoral méditerranéen (de Sanary-sur-Mer à Lattes) est analogue à celui de la Transalpine, avec
une part encore plus grande de simpula. Le faciès de Bourgogne et Franche-Comté est proche du faciès général
de Gaule interne, avec une représentation plus forte des cruches. Enfin, l’Isthme gaulois présente un faciès
intermédiaire entre les précédents, plus proche du faciès de Transalpine que de Gaule interne, avec cependant
des proportions plus fortes de cruches et de passoires et une part nettement moindre de simpula.
L’interprétation de ces observations n’est pas évidente et nécessiterait un examen beaucoup plus détaillé.
Elles ne peuvent être envisagées uniquement d’un point de vue commercial mais aussi doivent l’être en tant que
reflets de choix des consommateurs et culturels97. En termes d’approvisionnement en tout cas, le constat nous
semblerait a priori peu compatible avec l’idée d’arrivées massives dans les sites de forte consommation (les
oppida) de lots de vaisselles indifférenciées, en association ou non avec des amphores. Quant à la place prise
par la passoire en Gaule interne, peut-être existe-t-il une relation directe avec la provenance et la nature des vins
97- En l’attente d’une analyse plus approfondie, nous renvoyons sur ces questions aux synthèses dans Feugère & Rolley 1991, en particulier les
contributions de M. Feugère, M. Vidal et J.-P. Guillaumet.
689
690
Mobilité des hoMMes, diffusion des idées, CirCulation des biens dans l’espaCe européen à l’âge du fer
consommés, mais cela reste hypothétique ; on ajoutera à la complexité du problème le fait qu’une partie des
pouciers et doigtiers n’appartiennent peut-être pas à des passoires mais tout simplement à des gobelets.
Quoi qu’il en soit, il semble bien que les situations furent sans doute plus diverses que la vision traditionnelle d’une commercialisation unilatérale de l’Italie vers la Gaule, en association avec les amphores vinaires, et
qu’il reste encore beaucoup de points à éclaircir pour espérer affiner notre vision des voies et des modalités de
distribution des vaisselles métalliques.
ConClusion
Si l’on revient sur notre postulat de départ “exagérément simpliste”, selon lequel les différentes catégories
de mobiliers seraient constituées en lots et commercialisées ensemble, les trois approches montrent que la
situation est largement plus complexe. Concernant le triptyque des voies, des acteurs et des modalités de ce
commerce, chaque type de mobilier, bien que complémentaire, montre des facettes différentes.
Du point de vue des voies commerciales, les cartes de répartitions présentées ici, semblent montrer à la fois
de grands axes (Aude-Garonne, Rhône-Saône et également Gardon-Hérault-Allier-Loire à travers le Massif
central) et une diffusion plus “capillaire” avec de grands centres redistributeurs organisés autour d’agglomérations. Si ces voies partent de Méditerranée pour l’intérieur des terres – conclusion banale s’agissant d’un
commerce basé en premier lieu sur le transport maritime –, le mobilier métallique indique que concomitamment ont existé des voies terrestres via la Transalpine et les Alpes. On pourrait ajouter à cela que ces voies
transalpines semblent également être démontrées par les importations de vernis noir du sud de la Suisse, vernis
noir provenant principalement de la région padane.
Ces questionnements sur ces différentes voies de distribution requièrent des éclaircissements sur les acteurs
du commerce liant les régions de productions. Ainsi, les amphores, à travers notamment l’étude de la distribution des timbres, montrent que certaines régions semblent approvisionnées préférentiellement par certains
ateliers ou au moins par certaines sources. Concernant le mobilier céramique, les études réalisées notamment
par P. Arcelin montrent pour le ier siècle a.C. qu’une zone - en l’occurrence le triangle bas rhodanien - reste
imperméable aux importations de vernis noir touchant le reste du bassin occidental de la Méditerranée. Certains
auteurs relient ce fait aux relations fortes existant entre Marseille et Naples. Pour la vaisselle métallique, la
situation reste confuse tant que nous ne pourrons pas faire la part des importations réelles et des imitations
locales. En tout état de cause, ces différents exemples pourraient indiquer des relations à longue distance basées
sur des liens existant entre des régions éloignées. Ces attaches sont pour la plupart du temps difficilement
compréhensibles. Si dans le cas des vernis noirs, des correspondances entre grandes cités productrices et
———
Fig. 17. Composition par grand groupe de forme des corpus de vaisselles métalliques de Gaule interne, de Transalpine et de trois
régions tests, la basse vallée du Rhône, la Bourgogne et Franche-Comté et l’isthme gaulois.
———————
consommatrices sont évoquées, la piste de relations unissant de grandes familles de producteurs peut également
être avancée pour les amphores, les dépendances entre marchands romains et marchands gaulois ayant l’air
quasiment exclusives. Enfin, concernant les consommateurs, il faut garder à l’esprit que l’accès à des biens
importés reste lié à la fois à leur disponibilité, aux possibilités économiques de l’acquéreur et également, bien
entendu, aux “goûts” pour tel ou tel produit. Ainsi, les différences de faciès au sein des céramiques importées
pourraient à la fois indiquer un choix du consommateur mais également découler en partie des pièces disponibles sur le “marché”. La dichotomie entre la “zone” de la passoire et celle du simpulum découle certainement
d’un choix pour telle ou telle forme, choix d’ailleurs lié ici à des habitudes de consommations du vin différentes.
Enfin, les nombreuses importations provenant des vignobles tyrrhéniens en Gaule du Centre-Est nous montrent
691
Voies, aCteurs et Modalités du grand CoMMerCe en europe oCCidentale
quant à elles que ces vins de qualité médiocre mais consommés en masse ne le sont pas du fait du consommateur
gaulois, mais vraisemblablement de celui de l’importateur romain. Certains Gaulois de Bibracte, par exemple,
pouvant se permettre de consommer des vins prestigieux du Falerne ou du Cécube, la notion économique
prend ici tout son sens quant à l’accès à tel ou tel produit.
Enfin, pour en revenir à notre postulat de départ, celui-ci posait implicitement la question des frets d’accompagnement, que ce soit dans les épaves ou sur les sites de consommation terrestre. Pour résumer grossièrement,
nous aurions donc un bien exporté en masse pour sa haute valeur ajoutée et importé massivement suivant des
habitudes de consommation induites socialement : le vin. À sa suite, d’autres produits sont traditionnellement
considérés comme des biens d’accompagnement, à savoir la vaisselle métallique ou céramique. Si, à travers
divers exemples, ce schéma reste globalement correct, les contre-exemples restent nombreux. Ainsi, en Gaule
interne, le vin semble apparaître après la vaisselle, en tout cas en céramique. On peut vraisemblablement
dissocier, pour le iiie et pour le début du iie s. a.C., la vaisselle et le vin. La question d’un réel commerce vers
l’intérieur des terres peut d’ailleurs se poser pour cette période au regard des faibles quantités. Pour les rivages
méditerranéens, la question est tout autre. Le vin semble d’accès plus “facile” - qu’il soit romain ou marseillais
d’ailleurs- et la vaisselle importée céramique est une vaisselle commune, à tel point qu’elle occupe une place
majoritaire au sein de la vaisselle de table - par opposition à la vaisselle de cuisine. Pour des régions encore plus
lointaines, le vin semble complètement absent alors que la vaisselle métallique reste présente. On ne peut plus
parler ici d’un fret d’accompagnement.
Pour conclure, les quelques exemples cités ici et les diverses interprétations et questionnements qui en
découlent montrent que le foisonnement des problèmes liés aux importations nous permet seulement pour
l’instant d’esquisser une situation complexe, qu’il serait vain de tenter de démêler à ce stade de l’enquête, et que
seule la poursuite des recherches pourra peut-être permettre d’éclaircir.
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